Les dolmens de Taizé

 

            C'est à Thouars et dans ses environs que se trouve le plus grand nombre de dolmens du département, dont près de la moitié sur la commune de Taizé (9 dolmens et un tumulus). Ces constructions ont fait l'objet de fouilles dans les années 50 et 60, par le Dr Carillon et C. Hébras notamment, avant de retomber dans l’oubli, malgré leur intérêt.

 

            Précisons tout de suite qu'un dolmen, est une sorte de caveau funéraire placé à l'origine à l'intérieur d'une construction pleine, en pierre, nommée tumulus. La destruction du tumulus, liée à son défaut d'entretien, à l'érosion, au fait qu'il a souvent par la suite servie de carrière de pierres, a découvert le dolmen, auparavant dissimulé à l'intérieur de la construction. À l'origine, tous les dolmens étaient ainsi entourés et recouverts d'un tumulus. Les dolmens de cette partie des Deux-Sèvres ne sont pas encore datés avec précision : ils pourraient cependant avoir été construits vers 4000 ans avant Jésus-Christ.

           

            Les dolmens du Thouarsais sont actuellement au centre d'une opération de valorisation scientifique et touristique, qui a débuté sur le terrain en 1993. Elle devrait se terminer en 1998. Le Service régional de l'archéologie est à l'origine de cette opération, qui fonctionne grâce à la participation de l'état, de la Région, du Département et du Sivom du Pays thouarsais. Nous devons également beaucoup à d'autres aides plus ponctuelles, dont celle de la commune de Taizé.

 

            Le projet a pour but la fouille intégrale de plusieurs dolmens et de leurs tumulus, afin de déterminer si les dolmens Thouarsais sont à rapprocher de ceux que l'on trouve en Anjou ou bien de ceux présents dans le sud du département, à Bougon par exemple, sachant que des petites particularités permettent de distinguer les dolmens de ces deux régions.

 

            Du point de vue touristique, il est prévu, après les fouilles, de restaurer les dolmens et leurs tumulus, afin qu'ils puissent être librement visités par tout un chacun. La variété des dolmens du Thouarsais, leur emplacement à proximité d'une route ou d'un chemin, leur regroupement, sont autant d'atouts pour leur restauration. Celle-ci a pour but de protéger les parties néolithiques, de restituer, lorsque cela était possible, les parties disparues, et de consolidé le site afin que les visites ne le dégrade.

 

            A terme, il est prévu de rédiger un ouvrage à destination du grand public présentant les principaux résultats de ces recherches.

 

            Neuf dolmens et un tumulus se trouvent à Taizé, qui est donc la commune du département la plus riche en monuments mégalithiques.

Deux sont au bord du Thouet, non loin de Ligaine, un est près de Dillon, les autres, très rapprochés, constituent une véritable nécropole comprise entre la route de Praillon et celle de Thouars, en face de la ferme de Monpalais.

 

            Les fouilles archéologiques ont commencé en 1994 et 1995 par le dolmen E 145 de la nécropole de Monpalais, propriété de Mme Pouit, qui a bien voulu nous autoriser à le fouiller.

 

Ce dolmen se trouve dans la parcelle 145 de la section E, d'où son nom. L'intérieur du dolmen avait été fouillé par C. Hébras en juillet 1959. Ces travaux lui avaient permis de retrouver quelques restes humains, des fragments de vases néolithiques et trois pointes de flèche en silex. Ces objets, bien que néolithiques, furent déposés plusieurs siècles après la construction du dolmen, lorsque l'on s'en est à nouveau servi pour y déposer de nouveaux défunts.

C. Hébras fouilla également quelques sarcophages du Moyen-Age mis au jour à proximité du dolmen.

Nos travaux ont permis de retrouver un montant du dolmen qui s'était effondré, et de dresser un plan de l'ensemble de la construction, tumulus inclus. Ce dolmen présente à la fois des caractères propres aux dolmens angevins et aux dolmens angoumoisins (de la région d'Angoulême). Il a notamment été remarqué que la première dalle en entrant dans le dolmen présentait une forme humaine, comme on en trouve par exemple à Sainte-Soline, au sud du département.

 

            Très curieusement, les néolithiques ont fermé le dolmen, à la fin de son utilisation, en entourant son tumulus par une couronne de pierres, sous laquelle nous avons retrouvé une fosse contenant les restes, très mal conservés, de deux néolithiques. Les quelques objets mis au jour durant les travaux ne sont pas attribuables à la période de construction du dolmen, mais comme ceux retrouvés en 1959, à sa réutilisation. Malgré leur mauvais état, voire leur disparition, il a été possible de restaurer les murs du tumulus.

 

            La campagne de fouille 1996 a porté sur plusieurs dolmens.

 

            Le E 134, propriété de M. J. Sourisseau, est le plus gros dolmen de la nécropole. Tout son contenu a été bouleversé par de nombreuses fouilles antérieures.

 

Nous avons cependant pu recueillir quelques objets, toujours déplacés, hélas, qui témoignent que lui aussi servit à plusieurs reprises après sa construction. Deux montants retrouvés effondrés à l'entrée du dolmen ont été redressés. Les fouilles ont permis de reconnaître le plan de ce tumulus, ce qui permettra sa restauration.

 

Assez curieusement, la façade du tumulus n'est pas en grès (pierre rouge très lourde), comme le reste de la construction, mais en calcaire. Certaines pierres sont mêmes des blocs de tuffeau provenant au plus près de Saint-Léger-de-Montbrun. Nous avons pu observer que la construction du tumulus avait débuté sur les côtés du dolmen. Ce monument présente des rapprochements importants avec ceux de l'Anjou, mais quelques particularités l'en distinguent.

 

            Le dolmen E 170, propriété de M. J. Babin, est situé à l'écart de la nécropole, plus prés de Praillon. Il fut fouillé en 1952 par le Dr Carillon et M. Fourrier.

Autant dire que là encore nous n'avons trouvé que peu de chose. A titre d'anecdote, nous avons retrouvé les nombreux os humains qu'ils sortirent du dolmen et laissèrent de côté. Il ne restait que deux pierres de ce dolmen, placées à angle droit, et aucune qui permette de connaître le  tracé de son tumulus. Sans doute fut-il détruit pour l'entretien du chemin voisin.

 Nous avons cependant pu mettre au jour les fosses contenant les pierres disparues du dolmen, ce qui permet de connaître son plan. Nous n'avons pas pu obtenir d'autres informations à son sujet.

 Le dolmen E 143, également propriété de M. J. Babin, n'était connu que par deux dalles. Les travaux ont montré que ce dolmen s'était effondré sur place. Nous avons dû faire vernir une grue pour déplacer ses pierres, et permettre ainsi sa fouille. Bien que ces fouilles ne soient pas terminées, elles se poursuivront en 1997, il est possible d'affirmer qu'il n'y avait quasiment rien à l'intérieur, qu'il était de toute petite taille, et semble-t-il construit " à la légère", d'où, peut-être, son effondrement. D'autant qu'il repose sur un terrain en forte pente.

Nous avons également retrouvé une partie de son tumulus notamment l'arrière, bien conservé, ce qui n'est pas fréquent. Lui aussi présente des affinités avec les dolmens angevins.

 

Tous ces travaux, très intéressants, se poursuivront en 1997. Le bulletin ne manquera pas de vous informer de leurs résultats.

 

 

                                                                                              M. BOUIN Frédéric                               Suite                       

                                                                                              Responsable des Fouilles                        Retour menu